Ça fait un long moment que je songe à écrire cet article, mais sa rédaction n’est pas vraiment facile. Et pour cause…
L’intolérance au lactose est une “petite maladie” qui n’est pas encore bien connue ni comprise en France, ce qui crée des problèmes au quotidien pour ceux qui en sont atteints.
D’ailleurs, l’intolérance n’est même pas une “maladie” : c’est une déficience en lactase, l’enzyme qui nous permet de digérer le lactose, le sucre du lait.
Chez un adulte caucasien normal, l’enzyme permet de digérer tous les produits laitiers naturellement sucrés (lait, crème, etc…). Mais chez les personnes atteintes d’intolérance au lactose, il n’est plus possible de digérer le sucre du lait, et il se passe ce qui doit se passer quand on ne digère pas quelque chose : maux de ventre, gaz et… sortie urgente par le bas*.
Dit comme ça c’est plutôt simple, n’est ce pas ? 😉
Sauf, qu’il y a de nombreux degrés d’intolérance :
– Certains intolérants (la majorité) produisent encore de la lactase et peuvent manger des produits laitiers en faible quantité ou des produits laitiers avec peu de lactose (le beurre par exemple) sans être malade. D’autres ne peuvent rien se permettre sans risque.
– D’autre part, la production partielle de lactase change et évolue en fonction d’un tas de facteurs différents (fatigue, maladie, stress, heure de la journée, etc…). Du coup, c’est assez difficile à gérer car vous pouvez manger un jour une tartine beurrée sans souci, et le lendemain subir les pires conséquences* avec la même tartine beurrée.
Or, en France, il est très difficile d’en parler avec un médecin. Surtout, de trouver un médecin qui connaisse le problème, vous prenne au sérieux… et puisse vous accompagner.
Car pour la médecine généraliste française, l’intolérance n’est pas une maladie : c’est un “inconfort”…
Alors pour trouver une oreille à l’écoute, une seule solution : le gastro-entérologue.
C’est ce spécialiste de l’appareil digestif qui vous permettra de savoir si vous êtes vraiment intolérant(e) et qui vous réapprendra à manger ou ne pas manger certaines choses.
Quelle solution de diagnostic ?
Personnellement, mon intolérance s’est révélée à l’âge adulte (comme pour la plupart des intolérants,) et j’avais déjà pris le temps de consommer et d’adoooooooooooooorer les fromages et autres matières laitières prohibées.
Je ne savais pas, alors, qu’avoir tout le temps mal au ventre et des ballonnements n’était pas normal…
C’est en passant chez un rebouteux que j’ai eu la puce à l’oreille et, après 6 mois de régime sans lactose ni gluten, j’ai fini chez une gastro-entérologue pour faire des analyses et commencer un suivi.
Au bout d’un an de recherches infructueuses, découvrir quelqu’un qui m’a écoutée et qui comprenait ce que j’avais, c’était une bénédiction !
On est passé par des examens pas très sympa pour vérifier si le problème venait du gluten ou du lactose. On a fait 3 mois de régime différencié pour confirmer le diagnostic et…”bingo” : à 27 ans on m’a appris que j’étais intolérante au lactose et que je ne pouvais manger que des yaourts ou du lait appauvri en lactose.
Et dire qu’on m’a aiguillé vers ce spécialiste presque “par accident” (mon médecin généraliste a eu peur que je sois allergique au gluten quand je lui ai parlé des effets bénéfiques de mon régime sans gluten ni lactose)
Quelle solution dans la vie de tous les jours ?
Une fois diagnostiqué, on pense souvent que notre “problème” va être réglé.
Sauf qu’en France, la seule solution qu’on vous propose est un régime sans lactose…
ERREUR !
Même les spécialistes semblent oublier que nos voisins d’outre-Manche ont identifié ce problème depuis longtemps.
Et qu’ils n’en font pas tout un plat car ils ont une solution tout faite : la lactase.
Car oui : il existe de la lactase de synthèse que l’on peut prendre en substitut et qui permet de manger des produits laitiers sans être (trop) malade.
Seulement, en France, on n’en trouve pas, ou peu.
Les cachets sont souvent faiblement dosés et doivent être pris 15 minutes avant le repas.
Pas super pratique, mais déjà un grand pas dans la vie d’un intolérant (on peut se faire plaisir, et on arrête de s’arracher les cheveux devant la liste interminables de produits contenant des traces de lactose.)
J’ai donc pris de la lactase pendant 2 ans, en France, avant d’aller regarder de l’autre côté de la manche pour découvrir qu’anglais et américains avaient des solutions beaucoup plus dosées.
Et depuis 3 ans, c’est l’extase !
Je peux manger sans crainte en utilisant des capsules de lactase qui agissent immédiatement, et qui sont assez dosées pour me permettre de tenir un repas, même un peu long et très riche en lactose.
Ça n’a l’air de rien comme ça, mais les différentes solutions et marques que j’ai pu trouver m’ont permis de remanger sans crainte ou phobie.
D’un point de vue social et gourmand, c’est un truc énorme !
Avant d’avoir la solution de la lactase en cachet, je me suis fâchée plusieurs fois avec des amis qui, à défaut de savoir quoi faire à manger, préféraient annuler les soirées, même lorsque que je proposais de faire la cuisine sur place ou d’apporter un substitut pour moi.
Que ce soit dans le milieu familial, amical ou professionnel, il est très difficile de faire comprendre que “non, on ne fait pas d’allergie” mais “non, on ne fait pas semblant“.
Et, lorsqu’on est soi-même mal informé, qu’on ne comprend pas ce qui se passe… on en arrive parfois à douter de soi et à avoir honte d’imposer sa façon de devoir manger.
Et si j’écris ce billet aujourd’hui, c’est surtout à cause de ça…
Parce qu’avec la mode du sans-gluten, on voit apparaitre des gens qui pensent mieux savoir que nous ce qu’est que l’intolérance au lactose, alors qu’il n’y a pas deux intolérances identiques.
Je me rappelle trop bien de cette période où l’on doute, on angoisse et on finit par croire les gens qui vous disent “mais en fait t’es pas vraiment malade“.
 L’intolérance au lactose n’est pas une science exacte, mais ce n’est pas une fatalité.
On peut vivre parfaitement avec cette intolérance : si on est bien accompagnée, par un suivi médical éclairé, et avec de la lactase 😉
PS : Quelle lactase choisir ?
Personnellement je me fournis quasiment exclusivement chez Holland et Barrett (UK) car leur lactase est la plus dosée que je connaisse (5 250 FCC).
Aux États-Unis j’ai choisi des cachets pratiques car emballés individuellement (je peux en laisser en voiture, au bureau et dans mon sac à main ‘au cas où’) mais qui ne sont dosés qu’à 3 200 FCC.
En France, je conseille plutôt les Alvityl Digest (2 tablettes = 4 500 FCC) car on les trouve facilement en pharmacie (il faut parfois les demander) ou les lactolérances (très pratiques avec leur boite métal et leur dosage à 4 500 FCC ) qu’on trouve sur Internet et en pharmacie.
Par contre je n’utilise plus la lactase Solgar car elle est désagréable à croquer et pas assez dosée avec 3 500 FCC
*oui, j’avoue que j’ai cherché comment dire “diarrhée aiguë” de façon poétique.