Aujourd’hui parlons peu, parlons bien : parlons du poil !
Lorsque l’auteur de ce livre m’a proposé de me l’envoyer pour que je puisse le découvrir, j’ai tout de suite été ravie par le sujet abordé : l’épilation intime.
Qu’un homme (universitaire de surcroit) consacre un volume entier à l’épilation des parties intimes, c’était à la fois promesse d’apprentissage, d’anecdotes et de curiosité coquine ;-).
Par contre, j’ai mis TRÈS longtemps avant d’écrire cet article car, si la lecture du livre a su satisfaire certaines de ces promesses, le style d’écriture m’a fait sérieusement m’interroger quant à la faisabilité d’une critique objective sur ce blog…
Du Velu au Lisse : Histoire et esthétique de l’épilation intime
De Jean DaSilva – éditions complexes – Prix neuf : 26,5 €
Ce que j’en pense :
Contrairement à la première impression que l’on peut avoir, il existe de très nombreux livres sur le thème de la beauté. Des livres pratiques d’une part, des livres historiques d’autre part, mais aussi des livres d’art ou encore des essais philosophiques et même des ouvrages transversaux.
Depuis que je me suis mise en tête d’explorer cet univers littéraire, je passe beaucoup de temps à chercher, lire et critiquer. J’avoue qu’il y a une majorité d’ouvrages que je trouve inintéressants au possible, ennuyeux ou tout simplement peu originaux. La catégorie livre pratique, particulièrement, a cette fâcheuse habitude de redire ce qui a été déjà dit en changeant les photos illustrant les propos.
Par contre, dans la catégorie historique ou “philosophique”, on trouve beaucoup plus d’auteurs qui font des efforts louables pour donner du sens et de l’originalité à leur propos. La qualité de l’écriture et le style ne sont pas toujours au rendez-vous, mais le fond a au moins le mérite d’être passionnant.
En l’occurrence, pour cet ouvrage, je suis tombée en plein dans cette ambivalence. Le propos est extrêmement intéressant avec des informations historiques et sociales pertinentes et une trame générale qui donne continuellement envie de lire la suite. Toutefois, du fait d’un parti pris plutôt universitaire, le style d’écriture est un peu rébarbatif ; j’ai eu beaucoup de mal à passer outre ce manque de fluidité dans le texte.
Mais, le lecteur ne doit pas s’arrêter à ça : les anecdotes et les informations délivrées par l’auteur sont beaucoup trop intéressantes pour ne pas persévérer dans sa lecture. 😉
Personnellement j’ai toujours aimé le sujet de l’épilation car il y a toujours débat à y trouver. Et ce livre est en plein dedans !
Dans les premières parties, on suite une trame plutôt historique avec l’histoire de la pratique de l’épilation intime. On passe rapidement sur l’épilation totale du Moyen-Âge avant d’attaquer l’histoire moderne de cette pratique : sa renaissance et les courants hygiénistes qui l’ont mis en avant. C’est toujours bien documenté et présenté dans un contexte historique et social qui enrichit le propos.
J”ai aussi beaucoup aimé la mise en perspective de l’épilation contemporaine entre les femmes, les hommes, mais aussi le rapport à la sexualité ou la médiatisation de celle-ci. Les propos de l’auteur s’engagent parfois sur une perception personnelle mais ils recentre toujours les choses dans leur contexte.
Et, en tant que professeur d’art, il n’est pas étonnant que l’auteur termine son propos en interrogeant la place de l’art dans notre comportement à l’épilation, qu’il soit aussi bien intime que sociétal.
Personnellement, je sais que ce livre m’a captivé, mais je me demande sans cesse si ce livre peut tout aussi bien passionner quelqu’un qui n’a pas une curiosité particulière quand au rapport des gens à leur propre corps…
La Note Culture-Beauté :
Quatrième de couverture :
Pratique discrète, l’épilation génitale passe pour fort répandue aujourd’hui tant pour les femmes que pour les hommes. Présentée souvent comme une mode, elle possède des vocations multiples : identitaires, philosophiques, éthiques, religieuses, professionnelles. Dans cette étude très documentée et menée avec alacrité, Jean Da Silva restitue toute la complexité de ce fait de société en le situant dans la perspective d’une histoire qui remonte au début du XXe siècle, mais aussi bien au-delà . Il revient sur certains a priori concernant ce traitement particulier d’une zone corporelle intime et montre qu’il intéresse des mondes aussi divers que l’avant-garde artistique des années 1920, le naturisme d’après guerre, les cultures méditerranéennes, le fondamentalisme islamiste, la sexualité récréative japonaise, la pornographie, la mode, l’art contemporain, les conduites exploratoires homo ou hétérosexuelle. Il s’attache aussi à l’hostilité que l’épilation pubienne ou axillaire a pu rencontrer. Cette approche tant historique qu’esthétique trace ainsi un chemin de traverse, inattendu et singulier, dans l’histoire récente de la sexualité.
Biographie des auteurs :
Jean Da Silva est professeur en arts plastiques à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne.
Images du livre :